CHAUMETON François-Pierre
Né à Chouzé-des-Levées (actuellement Chouzé-sur-Loire, Indre-et-Loire) le 20 septembre 1775V ; décédé à Paris (12e arr., actuel 5e arr.) le 10 août 1819V.
Pharmacien militaire et botaniste
François-Pierre Chaumeton est le premier né de François Chaumeton (chirurgien qui meurt en 1787) et de Jeanne-Françoise Duchâtel. Il débute des études de médecine à Paris, bientôt interrompues par la Levée en masse de 1793. Nicolas Heurteloup*, chirurgien en chef des armées, l’appelle à l’Armée de l’Ouest pour un poste de chirurgien de troisième classe qu’il occupera jusqu’au 15 ventôse an IV (5 mars 1796), à l’exception d’un bref passage comme élève chirurgien à l’hôpital militaire de Metz (Moselle).
Parce qu’il ne supporte pas les souffrances des soldats qu’il doit opérer, Chaumeton abandonne la chirurgie. À sa demande, il devient pharmacien de troisième classe à l’Armée des Côtes de Cherbourg : pendant une année, il profite d’un relatif répit militaire pour étudier les sciences physiques et naturelles (particulièrement la botanique) et se faire connaître des naturalistes. Il approfondit ensuite ses connaissances médicales pendant trois ans à Paris, à l’hôpital du Val-de-Grâce où il est nommé pharmacien attaché le 3 prairial an V (22 mai 1797). Période heureuse de sa vie, il se marie avec Julie Claire Roussereau, fille d’un juge au tribunal de grande instance de Tours ; un premier enfant naît le 8 mai 1800. Le 22 juin suivant, il est promu au grade de pharmacien de deuxième classe de l’armée de réserve, puis passe à l’Armée d’Italie. Après deux ans dans la péninsule, il revient au Val-de-Grâce le 3 messidor an X (22 juin 1802) et commence à classer les documents et notes recueillies pendant ses voyages.
Débutent alors des temps douloureux : sa femme décède le 10 fructidor an X (28 août 1802), huit jours après la naissance de sa seconde fille. Il tente de se suicider par défenestration et les malheurs le poursuivent : mort de sa mère quelques mois plus tard ; incendie de sa bibliothèque anéantissant ses notes et l’ouvrage de zoologie médicale qu’il voulait mettre à l’impression. Pour l’arracher à son abattement, ses amis et Nicolas Heurteloup* le font attacher comme médecin aux troupes françaises qui occupent la Hollande (6 octobre 1803). Comme il ne possède pas le titre légal de docteur en médecine, il soutient deux ans plus tard, le 21 floréal an XIII (11 mai 1805) une thèse intitulée Essai d’entomologie médicale devant l’École spéciale de médecine de Strasbourg (Bas-Rhin). Il repart en Hollande, puis accompgne de 1806 à 1809 les armées napoléoniennes dans les campagnes d’Alsace, Prusse, Pologne, Autriche, de 1806 à 1809. Période enrichissante par les connaissances qu’il peut glaner dans les bibliothèques, mais éprouvante à cause d’une tumeur testiculaire et par les maladies qu’il contracte sur les champs de bataille. Il participe encore à l’occupation militaire en Italie mais, malade, doit rentrer en France (14 novembre 1810) et solliciter sa mise en retraite.
A Paris, il s’adonne à la science, sauf en 1814 où il soigne des blessés dans des hôpitaux provisoires. Il écrit des articles pour le Magasin encyclopédique, le Bulletin des Sciences médicales, la Bibliothèque médicale et les Annales de médecine politique du docteur Jean-Henri Kopp. Pendant dix-huit mois, il dirige avec acharnement la publication du Dictionnaire des sciences médicales que lui confie l’éditeur Panckoucke, et il en rédige plusieurs articles. Il produit des notices biographiques pour la Bibliographie universelle de Louis Gabriel Michaud et pour le Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales. Il incorpore des études sur la médecine en Italie dans le Journal universel des sciences médicales.
L’œuvre essentielle de Chaumeton, qui fait toujours sa renommée, est la Flore du Dictionnaire des sciences médicales (communément dénommée Flore médicale) qui paraît de 1814 à 1818 : elle comporte six volumes, avec trois cent cinquante remarquables planches coloriées ; les deux premiers ont été rédigés par Chaumeton seul, les autres (et deux volumes complémentaires) avec la collaboration de Jean-Baptiste Tyrbas de Chamberet et Jean Louis Marie Poiret. L’ouvrage est constitué d’une série de monographies d’espèces végétales, chacune donnant l’appellation dans diverses langues, la nomenclature dans diverses classifications, les anciennes propriétés et les utilisations médicales, alimentaires, industrielles. L’objectif est de rendre l’étude de la botanique à la fois agréable et utile.
Chaumeton peut voir la fin de son travail mais, tuberculeux et épuisé, il meurt dans la pauvreté après trois ans d’agonie, à l’âge de 44 ans. Il gardait le souvenir de sa Touraine natale et adhéra à l’éphémère Société des sciences, arts et belles-lettres de Tours, puis à la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres qui lui fit suite. Il était aussi membre de la Société médicale d’Indre-et-Loire. Chaumeton était un des hommes les plus érudits de son temps et ses biographes s’accordent sur sa prodigieuse mémoire et son don pour les langues classiques et vivantes de presque toute l’Europe, acquises pratiquement seul au cours de sa jeunesse. Une plaque commémorative est apposée sur la façade de la mairie de Chouzé et une rue de Bourgueil porte son nom.

Publications
CHAUMETON François-Pierre, Essai médical sur les sympathies, Paris, Didot jeune impr., an XI (1803), 37 p.
CHAUMETON François-Pierre, Essai d'entomologie médicale, thèse de l'école spéciale de médecine de Strasbourg, soutenue le 21 floréal an XIII, Strasbourg, Levrault, 1805, 34 p.
CHAUMETON François-Pierre, « Esquisse historique de la médecine légale en France », Jahrbuch der Staatsarzneikunde, 1809, p. 269-294.

Références
AUGUIS Pierre René, « Notice historique sur la vie et les voyages de Pierre-François Chaumeton », Mémoires de la Société royale des antiquaires de France, 1819, p. 124-187.
TOURLET Ernest-Henry, « Notice biographique sur François-Pierre Chaumeton ». Bulletin de la. Société française d’histoire de la médecine, t. 3, 1904, p. 70-84.
TOURLET Ernest-Henry, Documents pour servir à l’histoire de la botanique en Touraine, Tours, Péricat, 1905, p. 30-31.
VIEL Claude, « François-Pierre Chaumeton, médecin chouzéen des armées napoléoniennes », Bulletin des Amis du Vieux Chinon, t. 10, 2003, p. 723-734.
VIEL Claude, « François-Pierre Chaumeton, médecin et pharmacien sous la Révolution et l’Empire », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Touraine, t. 16, 2005, p. 85-101.
VIREY Julien Joseph, Notice sur François-Pierre Chaumeton, prononcée sur sa tombe le 11 août 1819, Paris, impr. de Frain, (vers 1819), 3 p.
CV, MR