Tome XVI (Mémoires 2003)

TABLE DES MATIERES


In memoriam Charles Lelong (1917-2003)
 par Jean-Mary Couderc
Deuxième Centenaire de la naissance (1802) DE VICTOR HUGO
Victor Hugo et le théâtre en liberté
    par Gérard Delaisement
Deuxième Centenaire de la naissance (1804) de GEORGE SAND 
Maupassant (et Flaubert) jugent l’œuvre de George Sand
    par Gérard Delaisement
Sur le féminisme de George Sand
    par Marcel Girard
Fantomas revient 
    par Claude Croubois
Les amours du diable boiteux
    par Emile Aron
François-Pierre Chaumeton, médecin et pharmacien militaire sous la Révolution et l’Empire
    par Claude Viel et Caroline Mouillard
La Touraine et les affaires Stavisky et Prince 
    par Emile Aron
La presse tourangelle sous l’occupation
    par Guy Bonnet
Isaac Newton et le mouvement des planètes
    par André Gramain
Génétique et éthique
    par le Dr. J.-P. Milh
Les Français de Pondichéry 
    par François Weil
La mythologie grecque et nous
    par Jean Moreau
La première introduction des digues submersibles dans le lit de la Loire, à Chouzé, en 1825
    par Béatrice Ledet
Les maquettes de navires de haute mer dans les églises de la vallée de la Loire et de ses affluents 
    par Jean-Mary Couderc

IN MEMORIAM CHARLES LELONG (1917 – 2003)

Jean-Mary COUDERC

Un certain nombre de Tourangeaux dont j’ai la chance de faire partie, ont eu le privilège de rencontrer au cours de leur cursus au lycée Descartes, un professeur d’histoire et géographie dont le parler chantant trahissait les terres occitanes ; ce dernier accompagnait d’un ton calme et enjoué ses explications en les prolongeant d’un tour de main démonstratif et terminait ses évocations par des chutes dignes d’un conteur. Ce professeur était Charles Lelong qui déployait une remarquable aptitude pédagogique aussi bien pour l’histoire qui était sa spécialité, que pour les cours de géographie pendant lesquels il apprenait avec talent à réaliser des cartes. Son enseignement se déroulait devant un aréopage toujours captivé.

Un élève aurait-il voulu perturber la classe que le maître avançait lentement la main droite vers le tiroir du bas de son bureau, et chacun de comprendre sans l’avoir jamais appris que là devait se trouver un billet de consigne… Peut-être allait-il une fois l’an jusqu’à l’ouverture du tiroir? Un froid glacé s’emparait alors de la classe qui était calmée pour longtemps.

Charles Lelong avait débuté comme élève-maître à l’Ecole Normale de Périgueux, puis comme instituteur stagiaire au cours complémentaire de Nontron en 1936-1937. Il intégra l’ENS de Saint-Cloud en octobre1938…

VICTOR HUGO ET LE THÉÂTRE EN LIBERTÉ

Gérard DELAISEMENT

Aborder ou réaborder l’œuvre de Victor Hugo, se plonger dans le tumulte, le sublime, dans un «appareil de flots et de nuées», s’enivrer de bruit et de virtuosité et finalement conclure comme l’un de ses plus durs adversaires: «Car certes, tu n’es pas Dieu que tu croyais être, mais en réalité tu es bien un Dieu» c’est adresser à la folie créatrice de l’écrivain un compliment d’importance.

On a tout dit – ou presque tout dit – sur l’homme et son œuvre qui frise l’immensité, sur cet homme qui va écrire sa propre histoire dans l’Histoire, se distinguer en s’isolant pour amplifier encore le message car l’exilé n’est nulle part, savourant, solitaire dans les marges du monde, sa destinée d’étemel naufragé qui ne conçoit l’exil que comme seule terre respirable.

Avant d’aborder un si vaste et si profond sujet, il est nécessaire de se faire, ou de se refaire, bon élève de seconde qui suit le futur écrivain dans les méandres de cette nouvelle histoire qu’il ne cessera d’écrire tout au long de sa vie. D’une vie vécue au rythme d’un vagabondage fulgurant parmi quelques royautés, une dynastie ou un empire, vers une ou des Républiques dont il n’entrevoit jamais le vrai profil. Et pourtant: il sera légitimiste, ami d’un roi, bientôt imprécateur et exilé républicain, presque révolutionnaire…

MAUPASSANT (ET FLAUBERT)
JUGENT L’ŒUVRE DE GEORGE SAND

Gérard DELAISEMENT

Riche de génies aussi divers qu’illustres, point n’est besoin d’aller chercher ailleurs des auteurs étrangers à cette Touraine qui semble multiplier à plaisir les jouissances. Qu’il me soit permis cependant de regarder – oh ! pas très loin – aux frontières de ce pays royal et de tendre la main à la chère voisine, à l’aimable – le mot de madame de Sévigné à propos de Montaigne – auteur de Consuelo, plus de 150 volumes connus ou inconnus. George Sand est encore un « cas » à peu près unique dans notre littérature. Négligée, oubliée, défigurée, son œuvre – immense – commence seulement à imposer une présence et je dirais, une affection. Les travaux de Georges Lubin, de Cellier, de Nicole Mozet — son George Sand, écrivain de romans est sorti en 1997 — sont là pour en témoigner.

Il n’est pas bon de déranger et d’agir en éclaireur en marge des voies consacrées. Mais ici tout paraît simple… Tous les procès: une vie de liberté aux limites de tous les scandales — une «goule» osera dire Henri Guillemin – un engagement socialisant aux côtés de Pierre Leroux ; un idéalisme moralisant qui laisse aller souvent une plume vagabonde quand l’auteur devenait pour Nietzsche «la vache à écrire». Et pourquoi ne pas ajouter le succès de ses romans rustiques, régionalistes diront quelques-uns, qui forment – erreur grossière – l’essentiel de son œuvre: George Sand écrivait, dit-on, pour les classes de quatrième…

SUR LE FEMINISME DE GEORGE SAND

Marcel GIRARD

 

George Sand – notre voisine du Berry – était un peu tourangelle. Est-ce une raison suffisante pour que l’Académie de Touraine s’associe à la célébration du prochain bicentenaire de sa naissance, qui ne manquera pas de mobiliser toute la région? Sûrement pas, mais en dehors de toute particularité locale, nous nous devions d’honorer cette grande dame pour l’ampleur de son œuvre littéraire parce qu’elle fut en son temps à la pointe du combat pour l’émancipation de la femme.

Sur ses origines, qui concernent très partiellement la Touraine, rappelons brièvement qu’Aurore Dupin se rattachait à cette région par ses ancêtres paternels. Son arrière-grand-père, le fermier général Claude Dupin, né à Châteauroux en 1684, avait acquis en 1733 le château de Chenonceau. Le fils, son grand-père Louis Claude Dupin, né en 1715, fut appelé Dupin de Francueil, du nom du village situé de l’autre côté du Cher, sur lequel s’étendait le domaine familial. Celui-ci aurait dû hériter à la mort de Claude Dupin, en 1769, de la prestigieuse demeure historique, si son vieil homme de père n’avait épousé en secondes noces celle qui devait rester dans la mémoire comme la célèbre Madame Dupin, l’amie des philosophes, la bienveillante hôtesse et protectrice de Jean-Jacques Rousseau, qu’elle prit pour secrétaire et qui vécut près d’elle de longs mois à travailler les sciences et à composer de la musique. C’est à elle que revint le château qu’elle sauva pendant la Révolution, et son beau-fils s’installa à Châteauroux, au château Raoul, qui domine la ville. Quand il mourut…

FANTOMAS REVIENT

Claude CROUBOIS

Pourquoi avoir choisi ce titre pour cette communication ? On pourrait m’objecter avec raison que Fantômas, qui constitue une des plus grandes aventures romanesques du XXe siècle, qui a engendré un personnage légendaire universellement présent dans la mémoire ou l’imaginaire des hommes, n’a jamais connu d’éclipsé durable. Mais il se trouve que dans ces dernières années, on a vu sortir en DVD le chef-d’œuvre de Louis Feuillade – visible jusqu’alors à la seule Cinémathèque – qu’un CD présente un des épisodes les plus fameux de l’œuvre: Un Roi prisonnier de Fantômas, et qu’en Italie on a entrepris la réédition du cycle dément… Oui, Fantômas revient en force.

Mais avant de vous dire ce qui motive et justifie ce succès inouï et permanent, il me semble utile de vous faire part des raisons de mon profond attachement à Fantômas.

Ma mère était une dévoreuse extraordinaire de livres, et en particulier de romans policiers. Il lui arrivait de lire à table ou en repassant son linge. Elle fréquentait assidûment les bouquinistes, et en particulier une certaine Madame Porteboeuf, rue des Trois Ecritoires. C’est là qu’elle découvrit, pour une bouchée de pain, les éditions originales de Fantômas, avec les splendides couvertures en couleur de Starace. Après elle, alors que je n’avais guère que seize ans, je tombai dans cette marmite de sorcière, et je n’en suis jamais sorti…

Une piqûre de rappel me fut donnée par un jeune collègue du lycée de Grandmont, agrégé de lettres, Jean-Paul Colin, qui préparait une…

LES AMOURS DU DIABLE BOITEUX

Emile ARON

C’est à Valençay, le 1er octobre 1836, que Talleyrand rédigea son testament et termina ses «Mémoires»: «Parvenu à ma quatre-vingt-deuxième année, rappelant à ma pensée les actes si nombreux de ma vie politique, qui a été longue, je trouve en résultat que de tous les gouvernements que j’ai servis, il n’y a aucun de qui j’aie reçu plus que je ne lui ai donné» et il indique «je ne veux reconnaître qu’à Madame la Duchesse de Dino l’obligation de me défendre».

Conspirant contre Charles X, Adolphe Thiers prenant conseil auprès de Talleyrand, lui dit un jour «Mon Prince, vous me parlez toujours de femmes, j’aimerais bien parler politique». «Les femmes, c’est la politique», répondit celui dont la vie fut un remarquable «jeu de dames».

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord naquit le 2 février 1754, descendant d’une glorieuse noblesse de France. C’est à Tours, en 990, que son ancêtre Adalbert, comte de Périgord, lança à Hugues Capet qui lui disait «Qui t’a fait comte?» cette célèbre apostrophe «Qui t’a fait roi ?».

La santé est le bien le plus précieux. Un pied-bot congénital (varus équin droit) qu’atteste la chaussure orthopédique de 1,4 kilogramme conservée au château de Valençay, désorienta sa vie. Bien qu’il fut l’aî né, ses parents décidèrent qu’un infirme ne serait pas leur héritier. Le métier des armes lui fut inaccessible et il fut condamné à la prêtrise. « Toute ma jeunesse a été conduite vers une profession pour laquelle je n’étais pas né. On me force d’être ecclésiastique, déclara-t-il, on s’en…

FRANÇOIS-PIERRE CHAUMETON, MÉDECIN ET PHARMACIEN MILITAIRE SOUS LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE

Claude VIEL et Caroline MOUILLARD



C’est un enfant de Chouzé-sur-Loire, François-Pierre Chaumetor que nous évoquerons dans cette présentation. De trois ans plus âgé que Pierre-Fidèle Bretonneau, son compatriote tourangeau, fils comme lui d’un maître — chirurgien de village, il s’orienta lui aussi vers la médecine, qu’il pratiqua tout au long d’une pénible carrière militaire. Il acquerra , comme nous le montrerons, une renommée justifiée, non comme médecin, mais comme botaniste et médicaliste. Assurément, celle-ci n’atteindra pas celle de Bretonneau, le célèbre «médecin de Tours», ni celle d’autres médecins tourangeaux comme Origet, Herpin et Heurteloup, ses contemporains.

ELÉMENTS DE BIOGRAPHIE

Fils de François Chaumeton, maître en chirurgie, et de son épouse Jeanne-Françoise Duchâtel, François-Pierre est né le 20 septembre 1775 à Chouzé-des-Levées qui, à l’époque, alors que la Loire était navigable et apte au commerce fluvial, était une petite bourgade de marinier proche de Saumur et de Chinon.

Il a douze ans lorsque son père meurt en 1781, ne laissant qu’un modeste héritage en rapport avec la condition sociale des chirurgiens de l’époque.

Doué d’une intelligence vive, d’une mémoire extraordinaire et d’une insatiable avidité d’apprendre, François-Pierre se montre ardent et appli…

LA TOURAINE

ET LES AFFAIRES STAVISKY ET PRINCE

Émile ARON

 

Retrouvons la France en 1929. Elle était considérée comme la première puissance de l’Europe. Mais cette situation privilégiée fut compromise par de graves crises politiques et par la formation autour d’elle de régimes totalitaires.

Une instabilité gouvernementale permanente déconsidéra peu à peu les institutions démocratiques. Le parti radical-socialiste, majoritaire dans le pays, dirigea les gouvernements ou y participa, si bien que la valse des ministères n’empêcha pas la permanence des personnalités politiques. C’est ainsi que Camille Chautemps, qui fut député-maire de Tours, fut 16 fois ministre de 1920 à 1939.

Le 25 octobre 1929, le «Vendredi noir», la Bourse américaine s’effrondra à Wall-Street. Ce fut le début d’une crise mondiale financière et économique majeure, engendrant le chômage et un mécontentement qui n’épargna aucune classe sociale. L’Allemagne fut en Europe la plus atteinte par cette récession avec six millions de chômeurs en 1932. Ce qui explique en partie l’accession au pouvoir d’Hitler, en janvier 1933, après des élections libres au Reichstag.
Les aventures totalitaires commencèrent en 1917 avec la Révolution russe, instaurant la dictature du prolétariat. Cette doctrine fut accueillie avec faveur par l’extrême gauche et par l’Intelligentsia (terme russe). Elle suscita l’inquiétude et l’hostilité des partisans du régime capitaliste, ainsi que de l’Eglise, puisque le communisme avait décrété que la religion était l’opium du peuple…

LA PRESSE TOURANGELLE SOUS L’OCCUPATION

Guy BONNET

Pourquoi parler de la presse tourangelle, de la presse française sous l’Occupation? On peut donner plusieurs réponses à cette question. Je vous dirai que l’expérience que j’ai retirée de conférences sur cette période de la vie de notre pays et l’enseignement de l’histoire de la presse que j’ai exercé durant plusieurs années devant les étudiants en journalisme de l’Institut Universitaire de Technologie de Tours, mon parcours professionnel aussi, m’ont appris, à la fois, que la méconnaissance de ce sujet était à peu près aussi générale que l’intérêt qu’il suscitait dès lors qu’il était abordé.

On a beaucoup parlé, beaucoup écrit et on le fait encore aujourd’hui sur les événements qui ont bouleversé la fin de la première moitié du XXe siècle. Le sort de la presse, le rôle de la presse auraient, je crois, mérité plus de soins qu’ils n’en ont reçus.

Sur l’occupation de la France, tous les aspects ont été largement décrits et débattus.

Occupation militaire, l’occupation allemande était aussi une occupation économique, politique et idéologique. Il s’agissait, ne l’oublions pas, de fonder, sous l’emblème de la croix gammée, un nouvel ordre européen et la presse française devait y contribuer.

Une presse française qui va connaître comme l’a écrit le doyen Godechot, de l’Université de Toulouse, « les plus profonds bouleversements qu ‘elle ait sans doute connus depuis l’époque révolutionnaire et impériale. » La quasi-totalité de ses titres va disparaître à l’heure de la libération de la France…

ISAAC NEWTON ET LE MOUVEMENT DES PLANÈTES

André GRAMAIN

 

Il est courageux pour l’Académie de Touraine de demander à un mathématicien une communication. Les mathématiques, pour ceux qui ne les pratiquent pas quotidiennement, ou pour ceux qui n’ont pas conscience de les pratiquer, s’identifient à des souvenirs d’un enseignement de l’adolescence, de règles et de notations hermétiques et, souvent, de professeurs tatillons. Que va donc être cette conférence? Y-aura-t-il des tableaux et des tableaux de formules? Comprendrons- nous au moins quelque chose?

Il n’est pas moins courageux pour un mathématicien d’accepter de faire une conférence d’intérêt général devant un public cultivé, voire érudit, mais très diversifié. Alors que les biologistes, les géologues, les chimistes savent intéresser le grand public par les récentes découvertes de leurs sciences respectives et donner des exemples concrets des applications de ces découvertes, les mathématiciens, qui ont déjà du mal à saisir eux-mêmes les nouveaux progrès de toutes les branches de leur science, ont encore plus de mal à faire partager ces connaissances et cette compréhension au public non spécialiste.

Pourquoi parler, après trois siècles, des travaux d’Isaac Newton? Il y a plusieurs raisons. Je crois d’abord que ses travaux sont mal connus et que son génie est sous-estimé dans notre pays. On a un peu oublié que la querelle des cartésiens et des newtoniens, dont Voltaire a voulu se faire l’arbitre, a duré pendant tout un siècle, le siècle des Lumières. On a oublié que la course aux pôles et à l’équateur pour mesurer l’arc du…

GENETIQUE ET ETHIQUE

Dr. J.-P. MUH

 

EN PREAMBULE:
Précisons le sens des mots que sont « génétique »,« génomique », « éthique » et « bioétbique »:
La « génétique » est la science qui étudie la transmission des caractères héréditaires d’une génération à l’autre.
La « génomique» comporte l’étude du génome des animaux et végétaux, bactéries et virus à savoir les acides nucléiques (génomique structurale) mais aussi l’analyse de la fonction des gènes (génomique fonctionnelle).
L’ « ethique» est un mot qui vient du Grec « ethos» et « désigne la théorie des fins propres à l’être humain » (Soinne).Ce terme en usage dans la langue française depuis l’an 1265 s’appliquait à ce qui concerne les moeurs. Mais… Depuis Spinoza il désigne la science de la morale.
« Bioéthique» est un terme beaucoup plus récent puisqu’il a été proposé en 1982 pour s’appliquer aux problèmes moraux liés à la recherche biologique, génétique et médicale.
De 1943 à 1974 des découvertes fantastiques ont été faites avec une efficacité sans précédent dans le domaine de la matière vivante:
1943: transfert de chromosomes d’une bactérie à une autre;
1953: description de la double hélice de l’ADN par Watson, Crick et Wilkins;…

LES FRANÇAIS DE PONDICHÉRY

François WEIL

 

Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après le rattachement à l’Inde des cinq comptoirs français, il subsiste à Pondichéry 8 000 citoyens français dont la plupart, quatre sur cinq, ignorent la langue française. Inversement, il existe en France environ 60 000 Franco-Pondichériens dont les plus âgés parlent entre eux le tamoul et dont la plupart des Français ignorent l’existence. Ce sont, les uns et les autres, des Français de Pondichéry. Mais il y en eut d’autres auparavant, ce sont les Français qui, dès la fin du XVIIe siècle, ont fondé et développé le comptoir. Nous
essaierons d’éclairer l’origine de ces différentes catégories.
Quelques mots d’abord sur l’histoire tourmentée de ce comptoir. Il ne se développe que lentement après sa fondation en 1674, puis atteint un extraordinaire rayonnement commercial et politique sous Dupleix au milieu du XVIIIe siècle, mais il est constamment affecté par la rivalité entre la France et l’Angleterre qui, de l’Europe, s’étend aux colonies. Pondichéry est conquis et totalement rasé par les Anglais en 1761, puis restitué à la France par le traité de Paris de 1763, mais à l’état de mine. La ville se reconstruit assez vite sur ses anciennes fondations, mais sans jamais retrouver son ancien éclat. Elle subit encore deux occupations anglaises entre 1778 et 1816. Puis, après une longue léthargie, elle connaît sous le fle Empire une notable prospérité. Sous la 111e République, elle est longtemps en proie à de graves troubles politiques dont une conséquence est le mouvement nationaliste qui aboutit au rattachement à l’Inde en deux étapes, de facto en 1954 et de jure en 1962…

LA MYTHOLOGIE GRECQUE ET NOUS

Jean MOREAU

PROLOGUE

Malgré toutes les variantes qui ont donné naissance à différentes traditions, les récits mythologiques sont le reflet d’une époque, ce qui peut nous amener à réfléchir, puis à comparer cette société à la nôtre. Je montrerai d’abord ce que la mythologie grecque nous a légué dans l’onomastique.

MYTHOLOGIE ET ONOMASTIQUE

C’est la géographie qui amasse le plus de noms venant des dieux et surtout des héros grecs. A part Athéna qui a donné son nom à la capitale de l’Attique, appelée antérieurement Canaé, aucun des grands dieux de l’Olympe n’est l’éponyme d’une ville ou d’un peuple. Ce sont surtout les héros, les mortels, qui ont marqué de leurs noms la géographie. Hellen est à l’origine du peuple des Héllènes. Ses descendants directs ont également transmis leurs noms, Doros aux Doriens, Éole aux Éoliens, Achéos aux Achéens, Ion aux Ioniens. Même nos ancêtres doivent leur appellation à des héros grecs, les Celtes à Celtos et les Gaulois à Galatès. On dit qu’Héraclès aurait fondé Alésia et qu’il a engendré, avec la fille d’un prince, un fils du nom de Galatès qui régna sur la Gaule avant de donner son nom à la Galatie, la terre des Galates. Dans une autre version, les Galates doivent leur nom à Galas, fils de
Polyphème et de Galatée…

LA PREMIERE INTRODUCTION
DES DIGUES SUBMERSIBLES DANS LE LIT
DE LA LOIRE, A CHOUZE, EN 1825

Béatrice LEDET

Un survol de la Loire en aval de Chouzé montre, sur la rive droite, de grandes digues perpendiculaires au fleuve débouchant chacune dans le lit sur des levées orthogonales submersibles et parallèles au courant (fig. 1 et 2). Trois d’entre elles sont le témoignage des premiers essais de levées submersibles dans le lit de la Loire, réalisées en 1825 dont le but était d’assurer la pérennité d’un chenal navigable entretenu et creusé par le fleuve lui-même sur un tiers de sa largeur alors que les deux tiers restants constituaient un chenal peu profond et cloisonné favorisant les dépôts de sable.

I. LES DIFFICULTES DE LA NAVIGATION LOCALE AU DÉBUT DU XIXe SIIECLE

Au niveau de Chouzé, la navigation est alors le fait de chalands à voile et des premiers bateaux à vapeur à très faible tirant d’eau. Malgré tous les efforts du service de balisage, les temps morts obligatoires du fait des embâcles, des crues, de l’ensablement, des tempêtes et du brouillard s’ajoutent au fait qu’il n’y a pas (en dehors de Tours et d’Am…

LES MAQUETTES DE NAVIRES DE HAUTE MER
DANS LES ÉGLISES DE LA VALLÉE DE LA LOIRE
ET DE SES AFFLUENTS

Jean-Mary COUDERC

L’était une frégate
De trente matelots
De trente matelots
Sur les bords de la Loire.

Ce refrain d’une chanson de mariniers de la Loire ne doit évidemment pas faire croire à d’anciennes remontées en basse Loire de navires de haute mer. La présence de maquettes de grands navires, de guerre surtout, dans certaines églises de tout le cours de la Loire et de ses principaux affluents, qui appartenaient en général à des confréries de manniers qui les faisaient défiler le jour de la fête de leur saint patron, pose d’intéressants problèmes.

I. TYPES DE NAVIRES ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES MAQUETTES

A. Les types de navire.
1. Ce sont essentiellement des navires de guerre.
De Beauregard-L’Evêque (63) au Fresne (44), nous avons relevé 11 maquettes (tableau 1) dont seule celle de l’église d’Onzain est un navire de commerce, voire peut-être celle de Beauregard-L’Evêque? Il y a plus de navires de guerre sur l’ensemble du réseau hydrographique ligérien que de maquettes de bateaux fluviaux….